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Lot et Garonne – Eté 2007

 

 

 

 
dimanche 15 juillet
lundi 16 juillet
mardi 17 juillet
mercredi 18 juillet
jeudi 19 juillet
vendredi 20 juillet
samedi 21 juillet
dimanche 22 juillet
lundi 23 juillet
mardi 24 juillet
mercredi 25 juillet
jeudi 26 juillet
vendredi 27 juillet
samedi 28 juillet
dimanche 29 juillet
lundi 30 juillet
mardi 31 juillet
mercredi 1 août
jeudi 2 août
vendredi 3 août
samedi 4 août
dimanche 5 août
lundi 6 août
mardi 7 août
mercredi 8
jeudi 9 août
vendredi 10 août
samedi 11 août
dimanche 12 août
lundi 13 août

 

 

Avant l’arrivée de Patrick dans la famille, le Lot et Garonne nous était totalement inconnu. Un bref passage lors de notre retour du Pays basque nous a donné envie de découvrir ce département.

Dimanche 15 juillet

Après plus de cinq semaines de pluie et des températures peu estivales, il fait enfin beau et chaud lorsque nous prenons la route en début d’après-midi. Cette année, nous partons avec July.
July ? Mais oui, July, notre GPS !!!

Un peu partout les agriculteurs moissonnent leurs champs. Ils profitent du soleil ardent pour rentrer enfin le foin. Circulation fluide jusqu’à Chalon sur Saône.

Notre parking habituel est en travaux. La soirée se termine au son des guitares des camping-caristes néerlandais voisins. Nous passons la nuit à côté de l’aire de service et dormons les lanterneaux grand ouverts car la chaleur ne faiblit guère.

Lundi 16 juillet

Réveil sous le soleil. La journée s’annonce chaude ! Nous traversons les départements du centre : Nièvre, Allier, Creuse ... Les routes vallonnées coupent un décor champêtre. La circulation est devenue plus dense : beaucoup de camions espagnols. July nous guide la plupart du temps sur des routes à double voie et nous avançons bien.
L’étape du jour s’arrête à Jarnage sur une petite aire au bord d’un étang.

Mardi 17 juillet

Il fait beau mais moins chaud qu’hier. Nous ne faisons pas les services car la borne est mal placée. Pour vidanger, on bloque la sortie de l’aire !

Arrêt déjeuner dans un joli petit village de Corrèze : Uzerche ! L’aire aménagée à l’ancienne gare est totalement gratuite. Un petit train fonctionnant 4 ou 5 fois dans la journée permet de rallier sans se fatiguer le vieux village. Ce sera pour une autre fois car nous reprenons la route sans tarder.

Le soleil est revenu et il fait chaud. Nous traversons le sud du département du Lot, coloré par ses champs de tournesols à perte de vue.
Dans le Lot et Garonne, les paysages se diversifient et apparaissent cultures fruitières et maraîchères. C’est la région du melon et des fraises ! Au loin, les fumées de vapeur de Golfech indiquent que nous approchons du but. July montre ses limites et s’arrête à Layrac.

Jeudi 19 juillet

Après une journée de repos, nous reprenons la route et la découverte du Lot et Garonne peut commencer. La région encore assez peu touristique n’appartient à la France que depuis 1472. Longtemps, rois de France et d’Angleterre se sont disputés les terres fertiles qui sont restées essentiellement agricoles. Le département est divisé en cinq pays.

Nous nous dirigeons tout d’abord vers le nord de l’Agenais. Le temps est orageux. Notre première bastide est Puymirol. Mais qu’est donc une bastide ?

Entre 1220 et 1370, près de 300 bastides ont été édifiées dans le sud-ouest à l’initiative des comtes de Toulouse et des rois d’Angleterre. La création de ces villes nouvelles avait pour but de rassembler dans un endroit unique toute la population. La bastide est placée sous l’autorité d’un bayle, représentant du roi. Dans chaque bastide se trouve une église qui, souvent dotée d’un clocher-mur et d’une tourelle, sert de refuge aux habitants en cas d’invasion. Les maisons s’inscrivent en damier autour d’une place centrale entourée de couverts, qui sont des galeries couvertes surplombées par les habitations. A l’origine, les maisons n’ont qu’un étage d’habitation, le rez-de-chaussée étant réservé aux activités des artisans et des marchands. Les rues et ruelles se croisent en angle droit. Différents types de rues traversent la bastide : les charretières, larges, pour laisser passer les charrettes, les traverses, moins larges, environ 2 mètres. L’arrière des maisons est desservi par les carrerots et les andrones, larges de 25 cm, séparent les maisons les unes des autres et sont conçues pour éviter les incendies et permettre l’écoulement de l’eau.
Nous laissons Cigalon sur le parking extérieur du village puis grimpons vaillamment sous un soleil de plomb vers la bastide, juchée à plus de 150 m de haut. La localité doit son origine au château qui fut bâti en 1246 par Raymond VII, comte de Toulouse. C’est la première bastide construite en Agenais. La grande place entourée d’arcades de couverts et de cornières est endormie sous le soleil. Seuls quelques éclats de voix proviennent du café. Une petite visite de l’église du XIIIème s, N.D. du Grand Castel, est bien appréciée. Mais le tour en est vite fait car il n’y a qu’une seule nef. Nous poursuivons notre promenade et de la place du foirail, la vue s’étend sur les paysages de l’Agenais. Nous rejoignons le camping-car par le chemin de ronde, non sans avoir fait un petit détour par le lavoir du Rajol au bord duquel deux jolies grenouilles se chauffent au soleil et se laissent prendre sans problème en photo jus-qu’à ce qu’Osiris pointe sa truffe.

Notre seconde bastide sera celle de Beauville, dans le pays de Serre. Elle est plus facile d’accès en camping-car que Puymirol. Nous pouvons garer Cigalon sur l’ancienne place du foirail appelée de nos jours « le carré ». La bastide s’organise au-tour de sa place à arcades où alternent vieilles maisons en pierre et maisons non moins récentes à pans de bois. Dommage que des voitures stationnent un peu par-tout. L’église est implantée sur l’un des côtés de la place. Son portail renaissance est surmonté par une coquille, signe que Beauville est une étape sur le chemin de Compostelle. Le clocher de l’église est en fait l’ancienne tour de défense. La construction de l’édifice remonte aux XIVème et XVème siècles.

Notre dernière étape de la journée est St Maurin, remarquable pour les ruines d’une ancienne abbaye clunisienne. Nous commençons notre visite par la chapelle St Benoît dans laquelle une maquette réalisée à partir d’une gravure du XVIIème siècle donne une idée de ce qu’était l’abbaye dont la construction a débuté au XIème siècle. En 1500, Bernard de Lustrac complète l’ensemble par la construction d’un palais abbatial. Au fil des siècles, l’abbaye tombe dans l’oubli et l’on utilise ses pierres comme à bien d’autres endroits pour la construction des maisons du village. Le don-jon du palais abrite le musée de la vie rurale et des métiers d’autrefois qui a vu le jour grâce au soutien des habitants du canton. Leurs dons et prêts permettent de témoigner de la vie rurale quotidienne au début du XXème siècle. La visite d’une heure environ débute par les caves dans lesquelles divers métiers sont évoqués. Même si nous avons déjà vu maintes fois ce genre d’exposition, nous ne nous lassons pas de regarder les outils de nos ancêtres. Au premier étage, des vitrines mettent en scène la vie familiale et religieuse des habitants. Nous quittons le musée après avoir regardé un petit documentaire sur l’histoire de l’abbaye.
De l’église abbatiale, il ne subsiste que le chœur dans lequel il faut remarquer les têtes de chapiteaux. Deux d’entre eux racontent la vie de St Maurin.

Sur la place de la bastide, une belle halle du XVIIème siècle apporte un peu d’ombre au restaurant voisin.
Nous nous installons pour la nuit à côté du terrain de foot et la température douce nous permet de dîner à l’extérieur du camping-car.

Vendredi 20 juillet 2007

La nuit a été calme avec quelques gouttes de pluie, nous obligeant à fermer les lanterneaux. Par contre, la matinée se révèle plutôt maussade. Après le petit déjeuner, nous reprenons la route pour quelques kilomètres seulement avant de nous arrêter à La Sauvetat de Savière pour prendre la photo du lavoir qui fait la fierté de ses habitants. Il est en parfait état mais en Alsace il aurait été fleuri ! Seul un nénuphar lui donne un peu de couleur. L’église date du XIème siècle et comme les églises déjà vues, elle n’a qu’une nef et pas de bas-côtés. Dans le livret récupéré hier à l’OT de Beauville est signalé un ancien moulin. Nous faisons plusieurs fois le tour du village pour le trouver – c’est dire qu’il n’est pas très grand ! Sans succès. Ce sera un habitant du village qui nous en indiquera le chemin. Lorsqu’on y pénètre, on aboutit au fond d’un couloir à une boulangerie bien curieuse. La boulangère ne fait qu’encaisser. Le client choisit son pain, sa poche, comme on dit par ici et paie. Plus folklorique que fameux ….

Nous poursuivons la route jusqu’à Villeneuve sur Lot où nous espérons pouvoir faire les services. Que nenni ! L’aire a été supprimée et à l’OT, on ne sait pas si elle va être remplacée. Par contre, aucun souci pour se garer et déjeuner tranquillement. La place derrière la mairie et le commissariat est grande. Villeneuve est une bastide plus vaste que celles que nous avons vues jusqu’à présent. Elle est sale et paraît mal fréquentée. Nous y pénétrons par la tour de Paris construite au XIVème siècle. Elle faisait alors partie des fortifications et son troisième étage servait de prison. Il y a encore quelques maisons à colombages, témoins d’une architecture médiévale où les encorbellements permettaient de gagner un peu de place sur la rue. Nous aboutissons très vite place Lafayette, élément primordial de la bastide. Vaste place carrée, elle est entourée de couverts mais les bâtiments ne sont pas d’origine. Villeneuve s’étend sur les deux rives du Lot et les quartiers ainsi formés sont reliés par trois ponts. Le pont vieux a été construit pour remplacer un pont de bois. Au départ, il était surmonté de trois tours carrées en briques aujourd’hui disparues. Au bout du pont a été bâti en 1289, la chapelle de N.D. du Pont devenu pèlerinage pour les bateliers. Une légende raconte qu’un jour les bateaux descendant le Lot ont été arrêtés par une force mystérieuse. L’un des bateliers plongea et trouva une statue de la Vierge.

La ville est dominée par le clocher de l’église Ste Catherine d’Alexandrie en briquettes rouges, pierre du pays. Elle offre peu de recul pour les prises de vues et je suis obligée de ruser quelque peu ! Ses 47 mètres de long, ses 19 mètres de large ne font que rendre plus impressionnant encore le clocher culminant à 55 mètres de haut et qui est visible de loin.
Commencée à la fin du XIXème siècle, elle remplace une ancienne église du XIIIème siècle et présente un style néo-byzantin très caractéristique.
L’intérieur, vaste, est de toute beauté. Des fresques tout le long de la nef rappellent les fresques italiennes. Elles sont l'œuvre du peintre local et affichiste renommé, Maurice Realier-Dumas. Les colonnes en granit poli surmontées de chapiteaux en marbre blanc contrastent avec la couleur des briques.

Après quelques courses, nous nous arrêtons à St Sylvestre. L’aire de service n’est guère pratique mais le stationnement, tout à côté du Lot, est très agréable. Il suffit de traverser le pont pour arriver au port de Penne d’Agenais. Le programme est tout trouvé pour demain. Nous admirons le coucher de soleil sur le Lot qui illumine tour à tour Penne et St Sylvestre de ses lueurs rougeâtres.

Samedi 21 juillet

Après une nuit calme, nous nous réveillons dans la grisaille. Quelques gouttes de pluie retardent notre départ. Le bourg médiéval est à plus de deux kilomètres du port et en hauteur ! Heureusement, il ne fait pas trop chaud. Ainsi, la montée est facilitée. Pas encore de touristes lorsque nous pénétrons dans la bourgade et le temps de récupérer un plan à l’OT, nous reprenons notre grimpette car Penne est construit sur un éperon rocheux dominé par l’église N.D.de Peyragude. Penne d’Agenais signifie le «rocher escarpé». Nous le croyons sans peine ! Les ruelles sont pleines de charme. Les habitations sont d’anciennes demeures de marchands reconnaissables à leurs larges arcades. La mairie du XIIIème siècle arbore une galerie à colonnettes typiquement mauresque. La façade la plus haute de l’édifice est plus récente et du style du pays. Situées sous l'hôtel de ville, les prisons royales sont restées en l'état et abritent à présent des chauves-souris. Après la place Paul Froment, nous atteignons une seconde porte, la porte de Ferracap qui une fois franchie offre une belle vue sur la vallée du Lot. Nous apercevons au loin notre premier pigeonnier. C’est devant cette porte qu’on exposait le corps des suppliciés avant qu’ils ne soient décapités. N.D.de Peyragude, sanctuaire de style roman-byzantin a été construit en 1897. Il a un petit air de Notre Dame de Paris avec ses nombreuses coupoles. L’intérieur s’ordonne selon un plan de croix grecque. Une cinquantaine de vitraux retracent la vie de Marie et illuminent l’édifice. A l’arrière, une petite grotte est consacrée à la Vierge.

Le retour est plus rapide que la montée et il est déjà 13 heures quand nous traversons le Lot en sens inverse pour aller déjeuner au camping-car.

La pluie se remet à tomber et après les services, nous reprenons la route pour Tournon d’Agenais. Petit coup d’œil à l’aire de service avant de chercher une place plus près du bourg médiéval. Nos mollets se souviennent encore de manière cuisante de la balade du matin !

Tournon a été bâtie en 1270 également sur un promontoire rocheux et nous y accédons par une longue montée de marches qui nous mènent devant une porte de la fin du XIIIème siècle, édifiée par le roi d’Angleterre. Les habitants ont construit leurs habitations directement dans le rempart. Au fil de la promenade, nous admirons de belles demeures moyenâgeuses, certaines rénovées. La maison de l’abescat a servi de résidence à l’évêque d’Agen. Sur la place des cornières, entourée de couverts, un joli beffroi est surmonté d’une très curieuse horloge lunaire de 1843 qui donne avec précision les phases de la lune.

A quelques kilomètres de là, à la limite du département, il y a selon les guides Bonaguil, le plus beau château fort de France, Comme St Thomas, nous demandons à voir. Nous y arrivons en fin d’après-midi sous le soleil. La soirée s’annonce douce et nous en profitons pour prendre l’apéritif au pied du château rougeoyant et lorsque les derniers visiteurs ont quitté le site, nous pouvons tout à loisir contempler l’édifice au soleil couchant. Le rêve … dans la solitude !

Bonaguil est l’un des derniers châteaux forts du Moyen Age. Prévu pour la défense, il n’a jamais été attaqué d’où son exceptionnelle conservation. L’édifice, construit sur un éperon rocheux d’où son nom (Bonaguil signifie bonne aiguille) émerge d’une zone boisée. En fait Bonaguil est composé de châteaux successifs. Les premiers documents connus du château datent de 1271 lorsque Philippe III, le Hardi, roi de France en prend possession. C’est déjà une place forte dotée d’une tour. Au début du XVIème siècle, Béranger de Roquefeuil (1448-1530), riche baron passera 30 ans de sa vie à transformer la forteresse avant que Marguerite de Fumel l’acquiert en 1761 et la transforme en grande demeure préromantique.

Dimanche 22 juillet

Après une nuit calme et reposante, nous franchissons la barbacane avant l’arrivée des touristes. Il est possible de suivre une visite guidée mais nous préférons découvrir la forteresse à notre rythme.

La barbacane du XVème siècle, entrée principale du château, donne accès à la basse-cour et à la cour d’honneur grâce à un pont dormant. Ses murs font près de 4 m d’épaisseur. La basse-cour (rien avoir avec le poulailler !) servait de refuge aux habitants du village en cas d’attaque. On sait que Bonaguil n’a jamais eu à se défendre. On y remarque une colonne coiffée d’une vasque creuse qui recevait, à travers le mur, l’eau du puits situé dans la cour d’honneur. De l’eau courante en sorte … au XVème siècle ! Le puits a été creusé à travers la roche sur près de 50 m de profondeur. Comme aux Baux de Provence, un pigeonnier symbolise la puissance et la richesse du seigneur. La colombine (fiente) est en plus un excellent fertilisant. Un four à pain avec deux foyers, l’un pour le pain, l’autre pour la pâtisserie et équipé d’un silo à grains et d’un silo récupérateur de cendres complète l’équipement du château. A l’arrière du fournil, nos pas croisent le vol d’une chauve-souris. Brrrrrrrr !

Par la tour des loges, nous accédons aux lices. Sa voûte en colimaçon est un trésor d’architecture du XVème siècle.

Dans les fossés, un ouvrage défensif, appelé moineau, est percé de cinq meurtrières. Parmi les 5 tours du château, la grosse tour du XVème siècle, dans la cour d’honneur, abrite les principales pièces consacrées à l’histoire du château. La pièce des graffitis laisse apparaître des dessins à la sanguine qui ont été longtemps recouverts d’un enduit. La grosse tour haute de 40 m à l’origine, a été ramenée à hauteur d’habitation lors de la Révolution. Nous reconnaissons l’emplacement de la chapelle grâce à sa fenêtre trilobée percée dans la tour carrée. Le donjon, en forme de proue de bateau du XIIIème siècle est bâti sur 3 niveaux de 2 pièces chacun. De la terrasse, à laquelle on accède par un escalier en colimaçon, la vue s’étend sur les bois environ-nants.

En sortant du château, il est possible de rejoindre le bas du site par un sentier bordé de maisons typiques qui abritent des boutiques d’artisans. Nous le longeons sur quelques dizaines de mètres avant de rebrousser chemin. Il fait décidément trop chaud !

Après le repas sur un parking qui s’est bien rempli durant notre visite puis les ser-vices à Fumel, nous nous arrêtons à Montflanquin fondée en 1252 par Alphonse de Poitiers. Après une montée assez rude, nous récupérons rapidement une plaquette pour la visite à l’OT et parcourons les ruelles ombragées de la bastide. Bien fleurie, c’est sans conteste la plus belle que nous ayons vue jusqu’à présent. De forme ovale, elle s’organise autour d’une place centrale entourée de couverts. Dans l’un des coins, la maison du prince noir est remarquable par sa hauteur. Comme une sorte de donjon, symbolisant la puissance, elle était la demeure d’un notable. L’église St André remaniée plusieurs fois possède un clocher-mur du XXème siècle ainsi qu’un portail mouluré datant du Moyen-Age. Certains carrerots sont couverts par des pontets qui relient les maisons entre elles. Nous renonçons à la visite du musée des bastides car les chiens n’y sont pas acceptés. L’actuel temple reconnaissable grâce à la bible sur le fronton occupe la chapelle des Augustins.

La bastide suivante est celle de Villeréal. Malgré le beau temps, elle est déserte. Seule la place centrale est un peu animée. D’ailleurs l’OT est lui aussi fermé. La halle de la fin du XIVème siècle, en bois de chêne, est surmontée d’un étage en colombages qui sert de nos jours à la mairie. On y accède grâce à un escalier situé sous la halle. Autrefois, cet étage était le siège de la cour royale. La place centrale est aussi entou-rée de couverts. Des escaliers qui permettait de gagner les étages supérieurs sans passer par les échoppes sont encore visibles ici. L’église du XIIIème siècle à contreforts possède un mur-tour encadré de 2 tourelles, elles mêmes reliées entre elles par un chemin de ronde. Elle est particulièrement bien adaptée pour protéger les habitants sur un territoire disputé par les Français et les Anglais.

Notre journée se termine à Biron où, au pied du château, une grande esplanade herbeuse accueille les camping-cars. Idéal pour passer une nuit tranquille ! Il fait bon et nous profitons pour faire un repérage des lieux. Nous sommes en Dordogne et les touristes sont nombreux. Quel contraste avec le Lot et Garonne où nous nous sommes sentis seuls.

En fait Biron n’est pas un château mais un ensemble de bâtiment édifiés du XIIème au XXème siècle. Durant cette longue période, ce sont 14 générations de Gontaut-Biron qui se sont succédées. Depuis 1978, le monument appartient au département. Le tout petit village du même nom s’étale paresseusement au pied du château et une partie des habitations se situent à l’intérieur des remparts, aujourd’hui pour la plupart détruits. Les maisons y sont particulièrement bien fleuries. L’église est aussi à tour clocher mais elle est fermée. Ce soir, nous pouvons une fois encore manger à l’extérieur du camping-car ; le temps et l’endroit s’y prêtent bien.

Lundi 23 juillet

La nuit est calme mais il a fallu fermer les lanterneaux vers 4 h. Au réveil, ce ne sont plus quelques gouttelettes qui nous accueillent mais une vraie pluie et le ciel gris ne laisse présager rien de bon pour le restant de la journée. Nous passons la matinée à flemmarder en attendant un temps un peu plus clément. Repos aussi pour Osiris qui souffre de l’épaule : rhumatismes, fatigue ou coup ? Cela l’oblige à marcher tête basse. Le temps semble s’améliorer après le repas et nous partons avec nos vestes de pluie. Heureusement que la majeure partie de la visite se fait en intérieur car la pluie ne cesse que durant de brefs instants.
La visite débute par la chapelle du XVIème siècle vidée de son mobilier mais où se trouvent encore deux gisants, celui des deux fondateurs : Arnaud de Gontaut-Biron, évêque de Sarlat et son frère Pons. Elle a la particularité d’avoir deux étages.
La basse-cour donne sur les petites écuries et sur une grosse tour rectangulaire, le bâtiment des recettes où les paysans venaient payer la dîme.
A l’opposé, sont encore visibles les fours de l’ancienne boulangerie.
De la cour d’honneur, nous avons une vue plongeante sur le village et sa petite église qui émerge à la fois des habitations et de la brume.
Deux petites salles ont été meublées. Des décors de cinéma laissés en place permettent de donner vie aux pièces. La minuscule cuisine voûtée est équipée d’un four à pain et d’un cuvier qui servait à faire la vaisselle. La souillarde, plus grande, présente un métier à filer la laine.
Petit détour par les caves où se trouve une salle des tortures.
La tour de la conciergerie abrite sur ses soubassements le « cul de basse fosse » dans lequel on enfermait les prisonniers.
La courtine percée d’archères a été transformée en tribune réservée à la famille lors des spectacles se déroulant dans la cour.
Le donjon est une tour hexagonale du XVème siècle
Le corps de logis de la fin du XVIème siècle s’étage sur 3 niveaux auxquels on accède grâce à un escalier à vis. Tout en haut, la salle des états est couverte par une charpente carénée remise en état par les compagnons du devoir, il y a une quinzaine d’années.
Au sous-sol, la cuisine présente des dimensions impressionnantes : 22 m sur 9 m ! Le grand bassin est vite repéré par Osiris qui ne manque pas d’y entrer ! De même que la source qui traverse l’endroit fournit de l’eau bonne à laper. Les fourneaux appelés potagers permettaient de cuire de nombreux plats en même temps.
Dans la tour Henri IV, on peut voir la chambre de Jacquouille telle qu’elle apparaît dans les Visiteurs II et à côté l’ancienne salle des gardes met en scène une rue marchande.
Nous achevons la visite sans pluie ! Les touristes sont arrivés. Beaucoup de Néerlandais et d’Anglais.
Si nous sommes entrés en Dordogne, c’est parce que sur la route des bastides, il ne fallait surtout pas manquer la plus belle du sud-ouest : Monpazier.
Nous nous garons sur l’aire de service, petite mais proche du village. La pluie recommence à tomber finement. Osiris restera donc dans sa niche, ce qu’elle accepte très facilement car elle déteste grisaille et pluie.
Monpazier est la commune la plus petite de France (53 hab.) mais aussi la bastide la mieux conservée. Ici le mot damier prend toute sa signification. La ville forme un quadrilatère de 400m X 220m. Seules subsistent 3 portes fortifiées sur les 6 que comportait la bastide. La ville est formée de compartiments rectangulaires. Toutes les habitations, à l’origine, avaient la même dimension et étaient séparées les unes des autres par des andrônes bien visibles. Les maisons construites après le M.A sont différentes.
Dès la porte Ste Marie franchie, nous nous retrouvons sur la place des cornières. Au centre, une belle halle de châtaignier abrite encore 3 anciennes mesures à grains du XVème siècle qui servaient pour le marché. Comme à Biron, il y a beaucoup de Néer-landais … et prendre les mesures en photo s’avère fastidieux et long.
Les cornières se révèlent bien pratiques pour s’abriter de la pluie qui ne cesse pas. L’église St Dominique du XIIIème siècle possède elle aussi un mur-clocher sur lequel, on peut déchiffrer, au-dessus du portail l’inscription révolutionnaire suivante : « Le peuple français reconnaît l’existence de l’être suprême. » L’intérieur constitué d’une seule nef est dépouillé.
Après un bref retour au camping-car, nous terminons la soirée autour d’un bon repas régional. La patronne est charmante et en partant, elle nous offre le guide vert des bastides tout nouvellement paru. Cela tombe bien, nous l’avions repéré dans l’après-midi à la maison de la presse ! C’est l’occasion aussi de reprendre quelques photos. Au soleil couchant et sans pluie, Monpazier révèle toute sa beauté.

Mardi 24 juillet

Au réveil, le temps n’est pas bien meilleur qu’hier et avant de prendre la route vers Castillonnès dans le Lot et Garonne, nous faisons un petit détour par Capdrop où se situe la source du Drop. A part l’église ND la Noire, fermée, nous ne trouvons nulle indication de cette source et après quelques photos, nous poursuivons notre voyage.
En route, j’aperçois mon premier pigeonnier octogonal. Malheureusement, il est dans une propriété et pas moyen de s’arrêter avec Cigalon.
Nous traversons à nouveau un paysage de cultures maraîchères. Nous sommes dans la vallée du Dropt.

A Castillonnès, c’est jour de marché ! Même si cela permet de faire des achats chez les petits producteurs, je n’aime pas ces jours là car il est alors très difficile de prendre des photos et de se garer. Après quelques rapides achats, nous nous installons pour déjeuner. La visite sera pour plus tard !
Nous y revenons à l’heure où les ouvriers communaux essaient tant bien que mal de faire disparaître cartons et déchets de l’activité du matin. Petit détour par l’OT où Gisèle (ça je l’apprends plus tard) répond à nos questions avec force détails. Et je lui arrache le scoop, du moins l’info la plus précieuse pour moi …. l’endroit où se trouve un pigeonnier !
Mais auparavant, nous découvrons la bastide, française depuis 1451 seulement. La halle avec un clocheton en échauguette n’a rien de moyenâgeux. Elle date du XXème siècle ! La mairie et l’OT occupent la maison du gouverneur.
Le pigeonnier, situé un peu en dehors de la ville, appartient à un particulier qui l’a transformé en gîtes. Il a été rénové récemment et il est magnifique.
Nous poursuivons notre descente du Dropt dont je connais à présent la prononciation! [dro], quelque soit son orthographe. Dans le Lot et Garonne, il s’écrit Dropt alors qu’en Gironde, c’est le Drot.
La route traverse les champs de prunes d’ente qui donneront à la fin de l’été, après séchage, le fameux pruneau d’Agen. Venu de Chine en suivant la route de la soie, le prunier s’est développé autour du bassin méditerranéen sous l’influence des Grecs et des Romains. Il faut attendre le XIIème siècle pour que les Croisés rapportent de Syrie la prune de Damas qui par croisement avec une variété locale donnera naissance à la prune d’ente (enter = greffer) sous l’impulsion des moines de l’abbaye de Clairac. C’est parce que les prunes étaient expédiées du port d’Agen que les fruits prendront le nom de pruneaux d’Agen.
Un petit arrêt photo s’impose

Eymet, seule bastide fluviale au bord du Dropt, est située en Dordogne et a conservé les vestiges de l’ancien port de gabarres. C’est le fief des Anglais qui ont racheté ici comme dans le reste du département bon nombre de maisons. Beaucoup de res-taurants affichent les menus dans la langue de Shakespeare. La place centrale est entourée de maisons à colombages. Dommage qu’ici aussi le stationnement soit anarchique. Nous découvrons un pigeonnier, transformé en salle d’attente d’une étude notariale. Une autre particularité d’Eymet, c’est son château du XIIIème siècle, construction rare dans les bastides mais ici le château est antérieur à la construction de la ville nouvelle. L’accès aux ruines est gratuit.

Nous nous arrêtons à Allamans du Dropt, joli village traversé par la rivière éponyme. Au bord du Dropt subsiste encore un moulin du XVème siècle qui a cessé son activité en 1967. Je tente une première visite de l’église romane du XIème siècle réputée pour ses fresques du XVème siècle. Le temps de prendre deux photos, la lumière s’éteint et je n’ai pas de monnaie pour remettre l’éclairage en route. Que cela ne tienne nous reviendrons demain ! Nous passons la nuit sur place. Derrière l’église, la vieille halle a été retapée en 1732. Elle a servi de mairie et de prison. Petit tour jusqu’à la sortie du village pour admirer tout d’abord un magnifique lavoir qui servait à rincer le linge puis un peu plus loin un magnifique pigeonnier octogonal de style périgourdin, supporté par sept piliers de pierre comportant des saillies ou capitelles destinées à arrêter les rongeurs. Sa construction remonte au début du XVIIème siècle. La volière, partie supérieure, est en colombages, armature de chêne comblée par de la terre. La porte d’entrée est surmontée par une aire d’envol. Au dessus des piliers, un petit toit en saillie, le larmier, offre un abri supplémentaire. Le toit couvert de tuiles plates est surmonté d’un épi de faîtage en zinc. Si dans le nord de la France, les pigeonniers ne pouvaient être que la propriété des nobles et des ecclésiastes, dans le sud, le pigeonnier était un « droit concédé aux propriétaires ayant assez de terres pour qu’on puisse estimer que ces oiseaux voraces n’aillent pas prendre du grain sur les terres du voisin ! Dans la vallée du Dropt, les pigeonniers ont été donnés aux migrants venus repeupler la région après la guerre de 100 ans. Ce pigeonnier figure sur de nombreuses cartes postales.

Mercredi 25 juillet

Après une nuit calme, un beau soleil nous réveille. Le temps de déjeuner, il est déjà trop tard pour retourner à l’église car il y a un enterrement. La vie continue même en vacances ….

Nous revenons sur nos pas à Sauvetat du Dropt où nous avons raté hier le pont médiéval aux 23 arches. Le détour vaut le coup d’œil. Le Dropt ici est large et recouvert par des nénuphars malheureusement pas encore fleuris. Ce pont était emprunté par les pèlerins se rendant à St Jean de Compostelle.

Notre étape à St Pardoux Isaac nous permet de faire les services et le ravitaillement avant de nous arrêter à Miramont en Guyenne, ancienne bastide détruite au cours de la guerre de 100 ans. Très bon accueil à l’OT où nous retirons un plan de visite du circuit des ruelles. C’est à Miramont qu’a vécu le général Delmas de Grammont qui fit voter en 1850 la première loi sur la protection des animaux. Il y a quelques belles maisons à colombages et même un pigeonnier intégré à une toiture. L’église du XIXème siècle est malheureusement fermée. Miramont est connue grâce à son com-merce prospère du chausson qui a duré jusqu’en 1980. C’est à Isidore Soussial que l’on doit l’importation d’Alger du kroumir, chausson de basane.
Comme il fait très chaud, nous décidons de passer l’après-midi au plan d’eau du Saut du Loup. Gabriel peut suivre le tour de France à la télévision. A 17h, nous revenons à Miramont pour consulter un vétérinaire car Osiris continue à marcher la tête basse. Celui repéré durant notre promenade est facilement accessible en camping-car.
Deux piqûres plus tard, une série de cachets en poche et notre portefeuille allégé, nous quittons la bastide mais nous n’avons pas réussi à comprendre de quoi souffre Osiris. Ah l’accent du sud-ouest ! Tout un mystère pour nous !

Nous repassons à Allemans du Dropt et cette fois-ci, enfin, nous pouvons admirer les fresques de l’église St Eutrope. Le bâtiment daterait du Xème siècle mais il a été fortement remanié. Cela explique que les fresques qui recouvraient tous les murs aient disparu en partie comme l’apparition de Marie Madeleine au Christ, supprimée suite au percement d’une fenêtre. L’abside est en demi-cercle outrepassé (les extrémités de la courbe continuent leur forme arrondie sans aller à la rencontre des murs de la nef.) Les fresques ont été mises à jour seulement en 1935 et leur restauration n’est pas encore achevée.
Sur le clocher, on remarque une curiosité : une carpe, rappelant que nous sommes dans le pays du Dropt où le poisson remplace le traditionnel coq ou la croix.

Notre journée s’achève à Duras, au pied du château sur l’aire de service extérieure du camping. L’ombre des grands arbres est appréciée. Durant le dîner, Gabriel admire le paysage lot et garonnais et exige une photo pour son fond d’écran du travail. Que les désirs de monsieur soient exaucés !

Jeudi 26 juillet

Nuit très calme à côté d’un autre camping-car. Dès l’ouverture, nous allons visiter le château alors qu’Osiris reste à l’ombre dans sa niche. Nous sommes les premiers visiteurs du site. L’avantage d’être sur place ! Nous nous acquittons de notre nuitée à la caisse du château en même temps que notre droit d’entrée. Le château de Duras trouve ses origines en 1137. Avec goût et talent, Jacques de Durfort, seigneur de Duras a réussi le pari de transformer une forteresse de défense en une résidence de plaisance. Seules 35 pièces sont restaurées pour l’instant. Après avoir franchi l’ancien pont-levis, nous entrons dans la cour d’honneur. Un escalier double nous mène au parvis ceint d’élégantes rambardes. La visite que nous effectuons seuls dé-bute dans la salle des 3 maréchaux qui ne mesure pas moins de 300 m2. Non meublée aujourd’hui, elle servait de salle de réception à l’origine. Nous aboutissons im-médiatement à la cour d’honneur terminée par un péristyle. Un puits de 19 m de profondeur permettait de fournir de l’eau au château.
Dans les sous-sols, dédale de plus de trente pièces, la boulangerie possède un double four comme à Bonaguil. La salle de la cheminée appelée «salle aux 100 fagots» est immense ; on dit qu’on pouvait y faire rôtir un bœuf entier. Un peu partout, on repère des baquets creusés dans la pierre. Ils servaient de réserve d’eau. Dans la salle du secret, il suffit de se placer dans l’un des angles, de murmurer quelques paroles pour être entendu par la personne se trouvant dans le coin opposé. Naturellement, nous tentons l’expérience.
La visite se termine par une dégustation de vins des coteaux de Duras. Cela nous permet de discuter avec le couple de viticulteurs qui assure la permanence ce jour-là. En effet, par un système de roulement, les viticulteurs se relaient durant toutes les périodes d’ouverture du château. Les côtes de Duras ne sont que le prolongement du vignoble bordelais. Seule une frontière administrative les sépare. Les côtes de Duras sont une appellation jeune qui fête cette année ses 70 ans.
Il fait très chaud mais le camping-car, resté à l’ombre et bien ventilé, a gardé une certaine fraîcheur. Osiris a repris du poil de la bête ! Après le repas, rapide tour dans Duras, ancienne bastide ; même s’il reste une place centrale et des couverts, le village n’a pas l’aspect caractéristique des bastides déjà vues. L’endroit est plutôt animé. Il est 17h lorsque nous quittons les lieux pour nous arrêter 6 km plus loin, au moulin de Cocusotte à St Pierre sur Dropt.

Le moulin appartient à un particulier et c’est d’ailleurs le maître des lieux qui mène la visite. Il retrace d’abord l’historique du moulin, acheté par son grand-père maternel entre les deux guerres. A l’origine, à la fin du XIIIème siècle, Cocusotte était un moulin à farine mais le propriétaire précédent a voulu fabriquer des cercueils et a transformé le moulin en scierie qui a fonctionné jusqu’en 1956. Le moulin installé sur une dérivation du Dropt ne marche plus mais la roue de plus de 5 mètres de diamètre et pesant 4 tonnes a été néanmoins restaurée en 2005 et tourne parfaitement. Notre guide nous fait la démonstration. L’endroit est magnifique : barrage en pierres de taille de plus de 50 mètres de longueur, cascade, plan d'eau, terrasse au bord de la rivière. Le tout arboré avec beaucoup de goût par le maitre des lieux qui fait aussi chambre d’hôte. La visite se termine autour d’un verre et nous flânons quelques instants encore dans le verger avant de reprendre la route pour Couthure sur Garonne. Ce sera notre point de chute de la journée ! Nous quittons ainsi le pays du Dropt pour entrer dans celui du Val de Garonne.
Belle soirée où la température ne faiblit pas beaucoup.

Vendredi 27 juillet

La soirée d’hier a été animée par les répétitions d’une troupe de théâtre locale dont l’un des membres s’excuse ce matin pour le bruit occasionné ! Un comble ! Nous squattons leur place et c’est eux qui sont désolés de nous déranger. C’est vraiment l’esprit lot et garonnais que nous apprécions tant : l’accueil avant tout !
Au programme ce matin : la scénovision de Gens de Garonne. Nous avons vu la pu-blicité depuis quelques jours un peu partout. La dame de l’OT de Miramont nous en a fortement conseillé la visite. Nous sommes seuls à l’ouverture, ce qui nous donne le privilège d’emmener Osiris avec nous. Heureusement qu’elle est habituée à toutes sortes de situations car la scénovision peut être impressionnante par le son et les mouvements de la plate-forme.
A Couthure, on vit avec la Garonne et ses crues : le bâtiment dans lequel nous sommes est prévu pour résister à ce phénomène. Comme dans les maisons du village, ici les sols sont carrelés, les murs nus sans papiers peints, les prises électriques en hauteur et les meubles peuvent être montés aisément. Les anciens conseillent même de suspendre sous les toits un ballot de vieux vêtements au cas où … Et sur les quais, deux canons pour annoncer les crues. Lorsque la Garonne atteignait un niveau de 6 ou 7 mètres, un coup de canon était tiré, entre 7 et 8 mètres, deux
coups …

Installés sur des gradins hydrauliques, nous sommes transportés durant 45 mn au début des années 60 alors que Garonne, comme on l’appelle ici, est sortie de son lit. Dans le salon de coiffure de Roger, les clients ne tiennent pas en place. Quand la crue s’annonce, toute la vie du village est chamboulée. Pas de mouvement de panique néanmoins car ici on sait vivre avec la crue mais une organisation qui permet à chacun de surmonter l’événement. Nous naviguons au gré des images. Tout en haut la maquette du village où les lumières électriques laissent place aux bougies à la flamme vacillante lorsque l’eau monte de trop. A l’étage en-dessous, le salon de coiffure dont le décor change au fil des scènes alors qu’au premier plan sont projetées des images du fleuve tantôt paisible tantôt en colère.
Spectacle magnifique. Même Osiris a semblé intéressée et peut-être aurait-il fallu lui prendre un billet d’entrée ? Après la projection l’hôtesse nous montre l’envers du décor où nous mesurons l’ingéniosité du montage et ses trucages. En fait les gradins se déplacent sur trois niveaux par rapport à un décor quasi fixe. Seuls quelques accessoires sont animés. L’étage du bas c’est une piscine dans laquelle le salon de coiffure est plongé lors de la crue.
Dans le bâtiment attenant, nous visitons une exposition sur la pêche en Garonne : nasses de toutes tailles, coche d’eau mais aussi birol…, ne devraient plus avoir de secrets pour nous ! Le birol (virol ou baro) servait à capturer la lamproie ou l’alose. Installé à un endroit où le courant est assez fort, ses deux pales munies de filets se mettent en marche toutes seules. Les deux filets pénètrent alternativement dans les eaux du fleuve. Le poisson en remontant le courant rencontre l’ouverture de la poche et il est soulevé hors de l’eau. Lorsque le filet est suffisamment émergé, le poisson sous l’effet de son poids est amené à l’entrée d’un panier où il est conservé vivant.
Sur la place de la cale et sur les murs de l’église, des repères montrent la hauteur des crues les plus fortes et nous nous rendons compte que bien des fois, en 1875 mais aussi en 1981, les habitants des bords de l’eau ont dû se réfugier aux étages de leurs maisons.

Nous déjeunons à la halte nautique de Fourques sur Garonne où il est très difficile de trouver un endroit plat. Pas l’idéal pour passer la nuit mais les services sont gratuits !

Nous excluons Marmande de notre circuit car nous privilégions les petits villages et la campagne d’autant plus que ce WE c’est la fête locale sur le thème, naturellement, de la tomate !
Depuis Fourques, nous longeons le canal. La route n’est pas bien large mais elle est peu fréquentée. A plusieurs reprises nous franchissons le canal par de petits ponts de pierre interdits au plus de 19 T.

A notre arrivée, Le mas d’Agenais semble comme écrasé sous le soleil ! Le village est réputé pour sa collégiale St Vincent qui renferme depuis 1804 une œuvre de Rembrandt, le Christ en Croix (1631). Cette scène de crucifixion fait partie d’une série de 8 tableaux dont 6 autres sont conservés à la pinacothèque de Munich. La collégiale est vaste et cela surprend par rapport aux églises à nef unique vues ces derniers jours. Sur la place, la belle halle n’est pas mise en valeur à cause des voitures sta-tionnées tout autour. Le lavoir, par contre, mérite le détour ; il est magnifique !

Après Tonneins où nous nous arrêtons le temps d’un petit ravitaillement, nous quittons le Val de Garonne pour entrer dans celui du Lot. La route traverse des vergers immenses de pruniers. Nous sommes dans le berceau de la prune d’ente.

Le musée du pruneau gourmand à Granges sur Lot accueille dans son domaine les camping-cars mais aussi les bateaux naviguant sur le Lot. L’endroit est bucolique à souhait et pourtant nous y passons la nuit tout seuls ! Nous réservons notre visite pour le lendemain et nous nous contentons d’une petite balade digestive sous les pruniers, histoire de goûter une prune d’ente et de la comparer à la quetsche d’Alsace. Le goût est similaire. Seule diffère la grosseur.

Samedi 28 juillet

Nuit tranquille, seuls alors que nous nous attendions à être nombreux. Le musée du pruneau gourmand à ne pas confondre avec la maison du pruneau est en fait une ferme ayant su s’adapter au tourisme. L’Agenais assure 65% de la production nationale de la prune d’ente. Après 7 à 8 ans de plantation, les arbres deviennent productifs. La taille occupe les journées d’hiver. La récolte s’effectue au mois de septembre. On secoue le prunier dont les pieds ont été paillés. Cette opération, jadis manuelle, s’est à présent mécanisée. Un tracteur déploie des sortes d’ailes de papillon et secoue les troncs des arbres. Les fruits mûrs tombent. Dès la récolte, la prune est lavée, triée et séchée durant 20 à 24 heures dans des fours ou tunnels dont la température se situe entre 70 à 80 degrés. L’étuve fait perdre près de 80% d’humidité à la prune. A la sortie du four la prune est devenue pruneau. 3,500 kg de fruits frais donnent 1 kg de pruneau.
Le musée est essentiellement consacré à l’évolution de la production du pruneau.
On commence la visite par une première salle qui présente le séchage de la prune depuis 150 ans. Les différents fours montrent l’évolution du travail. Un commentaire sonore permet de comprendre comme la prune devient pruneau.
Le séchage de la prune permettait de conserver le fruit pour l’alimentation des longs mois d’hiver. Dans les premiers temps, la prune ramassée à la main, était séchée au soleil. Par la suite, le séchage s’est pratiqué dans des fours à pain, jusqu’à l’apparition des étuves vers 1850. On déposait les fruits sur des claies en bois. Pour arriver à dessiccation complète, les prunes subissaient au moins trois cuissons successives, à des températures différentes.
Les appareils présentés ont une origine locale et les derniers ont fonctionné jusqu’en 1950 environ, chauffé au bois : 100 kilos de bois pour obtenir 100 kilos de fruits secs.
Le premier four est un vrai four à pain, four qui servait à tout dans la maison. Son défaut, c’est qu’il ne pouvait contenir que trois claies à la fois.
Le second four est une étuve à arbre tournant datant de 1850. Ce modèle permettait de sécher six à huit tonnes de prunes par saison.
Le four n°3 possédait un chariot sur rail que l’on pouvait sortir complètement du four. Cela permettait de conserver le four chaud pendant le déchargement du chariot mais surtout de ne pas se brûler au contact de la chaleur. Le rendement était aussi plus important puisqu’il pouvait atteindre dix tonnes de prunes par saison.
Le four n°4 est un évaporateur à tiroirs toujours utilisé à Figeac, dans le Lot. Les prunes sont disposées dans les tiroirs du bas de l’évaporateur où la chaleur est moins élevée puis au fur et à mesure on monte les tiroirs et la température de séchage aug-mente.
Une deuxième salle permet de découvrir la préparation et le conditionnement de la prune dans un atelier du début du siècle. Des scènes de travail animées de personnages en costume d'époque redonnent vie à ce passé.
Le séchage terminé, le paysan écoule sa production sur les marchés. Il trie ses fruits : les plus gros sont mis dans des corbeilles garnies de toile blanche faisant ressortir leur éclat, les plus petits en sacs de lin très blanc.
Pour la vente, les pruneaux choisis au hasard sont placés sur une balancette de 250 grammes appelée « peson ». On les compte puis on multiplie leur nombre par deux pour obtenir le nombre de fruits aux 500 grammes.
Au retour du marché, le négociant calibre sa marchandise à l’aide d’un trieur à prunes. De nos jours, le calibre moyen (environ 60 fruits aux 500 grammes) est bien supérieur à celui du début du siècle (80 fruits aux 500 grammes) grâce à l’amélioration des cultures.
Après le calibrage, on passe au manchonnage. Les manchons, boites métallique à couvercle sont remplis de 12.5 kilos de pruneaux environ avant de passer dans un stérilisateur. Cette opération stérilise le produit et rend le fruit plus moelleux.
A la sortie des manchons, les pruneaux sont conditionnés dans des pobans, bocaux en verre, dans des boites en fer ou encore dans des caisses en bois de 12.5 kilos, des « quart de caisse ».
Sur une étagère, deux pobans anciens contiennent des pruneaux qui datent de 1857 !!! Je ne voudrais pas les goûter !
Une importante collection de jougs (la deuxième de France) termine cette exposi-tion unique. Ils proviennent de nombreuses régions de l’hexagone mais également d'Espagne, du Portugal et d'Italie.
Avant de gagner la boutique, nous passons à côté des machines modernes malheureusement à l’arrêt car la saison n’a pas encore commencé.
Nous achetons des pruneaux mais aussi une claie pour décorer le grenier.

Nous quittons le musée pour une courte balade à Castelmoron sur Lot construite selon un plan irrégulier par rapport aux autres bastides car il a fallu tenir compte du Lot qui fait ici une boucle. Peu de bâtiments vraiment remarquables à part l’hôtel de ville qui occupe le château Solar depuis 1902. Félix Solar a transformé un ancien château imitant à la fois le casino mauresque d’Arcachon, l’Alhambra de Grenade et la mosquée de Cordoue. Quant à l’office du tourisme, il est situé dans un bâtiment tout en briquettes. Peut-être un ancien pigeonnier ? L’hôtesse ne sait pas nous renseigner !
Nous descendons jusqu’au bord du Lot, traversé par un pont en fer suspendu dont les arches ont 141 m d’ouverture.

C’est sur l’aire de service de Ste Livrade que nous déjeunons tout en observant les manœuvres des pompiers devant la caserne toute proche. L’endroit décrié par certains n’est pas folichon mais on peut y faire correctement et gratuitement les services. Pas de visite de la ville où se tient annuellement le championnat du monde des cracheurs de noyaux de pruneaux.

Nous nous arrêtons juste avant Villeneuve du Lot pour compléter notre garde-robe. Nous n’avons pas prévu assez de vêtements légers et il commence à faire très chaud !

L’étape du jour sera Pujol, classé « plus beau village de France ». Arrêt à l’OT pour glaner les habituelles informations. Accueil très administratif, à la limite de la politesse. De tous les OT visités, c’est sans conteste, celui qui est le moins convivial ! Mais être classé « plus beau village de France » donne sûrement des privilèges ! Il est vrai que l’endroit est joliment fleuri et que les maisons à colombages ou en vieilles pierres sont magnifiques même en cette fin de journée un peu maussade. Et il y a des touristes ! Le tour du village est vite fait. Surplombant Villeneuve du Lot, la forteresse a été plusieurs fois démantelée au fil des siècles. La porte de la ville sert également de clocher à l’église St Nicolas du XIV/XVème siècle. Une seconde église, Ste Foy, n’est plus utilisée pour le culte mais abrite une salle d’exposition. Au centre du village une belle halle. Nous décidons de passer la nuit sur place pour pouvoir goûter quelques spécialités locales. Cela nous permet de déambuler dans le village illuminé. La soirée est agréable.

Dimanche 29 juillet

Nous commençons la journée par un petit tour au marché des produits du terroir qui se tient autour de la halle, juste le temps d’acheter du pain au levain et une tourtière, spécialité du pays.

A Casseneuil, nous avons la surprise de trouver une aire de service appelée ici aire de dépotage. La ville telle une presqu’île s’étale entre les bras du Lot, de la Lède et de la Sône. Le village est connu pour ses maisons suspendues qui s’alignent le long de la rivière. Ancienne place du catharisme, elle est assez mal conservée : maisons en torchis et à pans de bois souvent ruinées, ruelles pavées non mises en valeur. C’est dommage. Nous profitons pour acheter du jambon de Tonneins. Nous apprenons l’origine de ce pâté au boucher qui se contente de la fabriquer sans même savoir d’où vient cette appellation ! C’est Louis XIV en visite à Tonneins qui lui a donné ce nom.

Après le repas, arrêt à la Bastide du Temple sur Lot réputée pour sa commanderie, fondée en 1318 sur l’ordre des templiers. Cet imposant bâtiment abrite de nos jours un restaurant. Nous faisons une belle promenade ombragée au bord du Lot, dont la surface est recouverte de nénuphars roses et blancs.

A travers un paysage de pruniers et de noisetiers, nous retournons vers la vallée du Lot. Sur une colline, les ailes du moulin de Montpezat tournent au vent.

Buzet sur Baise se niche entre la Baïse et le canal latéral à la Garonne qui sur 193 kilomètres relie Toulouse à Castets en Dorthe. Avec 53 écluses, il fait franchir aux bateaux une dénivellation de près de 128 mètres.

Lundi 30 juillet

Nuit calme. Seule visite prévue de la journée, celle de la cave des vignerons, histoire de s’informer davantage sur le vin du Buzet mais aussi de réapprovisionner notre cave.
C’est en 1911 que les vins du Buzet ont pris ce nom lorsque les vins élevés ailleurs qu’en Gironde n’avaient plus le droit de s’appeler Bordeaux. La cave a été créée en 1953. En 1956, 280 vignerons de 22 communes couvrant 2050 HA se rassemblent en coopérative. Seule 5% de la récolte est consacrée au blanc. Un tiers de la pro-duction est exportée vers l’Allemagne, la Norvège, le Japon.
Les barriques où seulement une petite partie du vin est entreposée sont changées tous les cinq ans. C’est le cas du Baron d’Ardeuil, du château de Gueyze ou de la grande réserve. Les autres vins sont beaucoup plus légers.

Nous passons l’après-midi à la halte fluviale à observer la circulation des bateaux franchissant la seule écluse qui permet de passer du canal à la Baïse. Le canal latéral a été percé de 1839 à 1856 pour compléter le canal du midi. Avec ses 2,20m de profondeur, ses 17m de large et son 1,80m de tirant d’eau, il n’est actuellement plus utilisé que par des bateaux de plaisance. La rivière prend sa source au pied des Pyrénées jusqu’à sa rencontre avec la Garonne à St Léger qui la conduira à l’Atlantique.

Mardi 31 juillet

Beau temps chaud au réveil. Notre première étape s’arrête à Aiguillon pour le marché. La traversée du village est difficile et nous finissons quand même par arriver à la gare où il y a de la place pour Cigalon. Rien de plus simple que de retourner au village à pied.
La vallée du Lot, pays de fruits et de légumes commence à Fumel et va jusqu’à Aiguillon. Ancienne bastide, Aiguillon a été profondément rénovée au XVIIIème siècle. C’est en 1751 qu’Emmanuel Armand de Vignerot demande à remplacer l’ancienne forteresse par un château moderne rappelant Versailles. En même temps, il crée de larges avenues et des places dans le village. Durant trois ans le duc est premier ministre de Louis XV et à sa mort, il se retire à Aiguillon où il vit une vraie vie de Cour. Peu de traces de cette époque à part le palais ducal devenu le lycée de la ville.
Sitôt nos emplettes terminées, nous poursuivons notre route vers Nicole, sur la rive droite de la Garonne. L’intérêt de ce village, ce ne sont pas les habitations mais le canelet, une voie navigable creusée entre Lot et Garonne vers 1870. Ce petit canal, destiné à éviter aux mariniers les aléas du confluent n’est pas en service en ce moment car la circulation fluviale est arrêtée sur la Garonne par manque d’eau. Habituellement c’est un pousseur qui fait traverser le confluent aux bateaux. Pour aller déjeuner à la halte nautique de Villeton, notre route traverse des plantations de kiwis et de tomates protégées par des filets anti-grêle. Vu du ciel, ça doit faire un étrange damier. Après un petit détour par Casteljaloux et les premiers paysages des Landes, nous revenons dans l’Albret et ses paysages beaucoup plus plaisants car variés.

A Damazan, bastide fondée en 1259 par Alphonse de Potiers, nous nous posons à la halte nautique le temps de visiter cette bastide fluviale toute colorée. Dommage que ce soient les préparatifs de la fête locale ; les photos sont difficiles. La place centrale est entourée d’arcades. Au départ, Damazan fortifiée n’avait que quatre accès. Depuis le début du XXème siècle, toutes les rues en cul de sac ont été ouvertes. L’hôtel de ville a été édifié en 1818 au-dessus de la halle. On y accède par un escalier en bois.

Etape suivante : Vianne, bastide anglaise, fortifiée mais dont l’intérieur ne ressemble plus à une bastide puisque la place centrale et les arcades ont été brûlées au cours du XIVème siècle. Néanmoins les rues se croisent toujours de façon rectiligne. Quatre tours carrées dotées de herses défendent les quatre entrées de la bastide. Cinq tours rondes disposées aux angles renforçaient la défense. Il n’en subsiste plus que deux qui ont été recouvertes d’une toiture au XIXème siècle. A part quelques artisans, il n’y a pas grand chose à voir. Nous découvrons néanmoins un pigeonnier derrière l’ancienne gare. Une jolie église de style roman fait penser à une église toscane. Elle s’élève au milieu des cyprès. ND de Villelongue a été restaurée au XIVème siècle. Le portail est de style gothique ainsi que l’un des clochers.

Mercredi 1 août

Temps magnifique au réveil. Nous retournons à St Léger pour voir la confluence entre Baïse et Garonne. Nous laissons Cigalon à côté de l’église et longeons la Garonne. Nous trouvons l’écluse qui ne fonctionne pas ! Vraisemblablement pas assez d’eau dans la Garonne alors que la Baïse, alimentée par des lacs réservoirs est toujours navigable. L’installation est bien fleurie et sur la maison éclusière, une échelle montre les hauteurs de crues depuis près d’un siècle. Même si au XXème siècle les crues n’ont pas été les plus fortes, en 1978/79 la maison éclusière a été inondée sur près d’un étage par deux fois en moins de sept mois.

Nous poursuivons notre route jusqu’à Barbaste où nous comptons visiter le moulin fortifié de Henri IV. Malheureusement, il n’y a pas de visite les mardis et mercredis.
L’accès au moulin se fait par un joli petit pont roman du XIIIème siècle enjambant la Gélise, un affluent de la Baïse. Le pont est équipé de piliers à angles vifs pour casser le flot en cas de crue. Nous déjeunons au bord de la rivière à l’ombre des arbres car il fait chaud. Nous discutons un moment avec un couple de camping-caristes avant de reprendre la route vers Réaups.

C’est déjà la forêt landaise, rectiligne et monotone. Mais elle a le mérite de procurer de l’ombre.

Notre journée se termine à Mézin au musée du bouchon et du liège où nous passons plus d’une heure alors qu’Osiris attend sagement dans sa niche. La jeune fille à l’accueil a bien proposé de la garder …

L’exposition commence avec le buste de Fallières, né le 6 novembre 1841 et mort le 22 juin 1931 à Mézin. Élu le 17 janvier 1906, il succède à Émile Loubet en remportant la victoire face à Paul Doumer de 78 voix. Il devient ainsi le 8ème président de la IIIème République.
La première salle est consacrée à l’exploitation du liège et à la fabrication des bouchons du XVIIIème siècle à nos jours et grâce aux commentaires du petit Jules et de son grand-père, bouchonnier, nous apprenons comment à partir du chêne-liège on aboutit au bouchon. Lorsque l’arbre atteint 70 cm de circonférence, on procède au démasclage qui consiste à ôter le liège mâle crevassé et de moindre qualité. C’est le nouveau liège qui se forme, appelé liège femelle, qui sera utilisé pour la fabrication des bouchons. L’arbre ne produit alors que du liège tous les 9 à 15 ans. Le liège mâle est utilisé pour des sous-produits comme les panneaux d’isolation en granulats. Avec le liège femelle, on fabrique toutes sortes d’objets dont une grande partie de bouchons. 91% de la production de liège provient du Portugal, d’Espagne, d’Algérie et du Maroc. La France ne fournit plus guère de liège et pourtant ce matériau a toutes les qualités : léger, résistant à l’usure, imperméable, élastique, isolant, excellent bois de chauffage …
De la coupe de l'écorce du chêne-liège en forêt au triage des bouchons, les étapes de sa confection sont présentées avec minutie. Les imposantes machines récupérées après les fermetures d'usines dans les années 50 attestent de l'évolution des méthodes d’un artisanat qui était au départ uniquement familial. L’activité bouchonnière connaît un essor formidable à partir de 1870 lorsque les industries se mé-canisent. Le liège s'exporte partout dans le pays et la folle aventure mézinaise du bouchon prend son envol. En 1900, 35 bouchonneries emploient près de 1 500 per-sonnes et font de Mézin, durant toute la première moitié du XXème siècle, une ville dont la vie est rythmée par le bouchon. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cette industrie décline. La concurrence étrangère fait rage.

Avant de nous installer à la ferme du Gagnat, accueillant France-Passion, nous faisons un détour par Poudenas pour admirer un pigeonnier cylindrique que j’avais repéré sur les cartes postales.

A la ferme du Gagnat, nous profitons de la présence d’un groupe pour goûter l’apéritif de la région, le Floc.

La soirée est orageuse et il est à peine minuit qu’il se met à grêler. Heureusement les grêlons ne sont pas trop gros car nous craignons toujours pour Cigalon.

Jeudi 2 août

Nous quittons la ferme après avoir acheté floc et foie gras, et une adresse de restaurant dans la poche. L’orage de la nuit a fait chuter les températures et il fait meilleur qu’hier.

Nous filons directement sur Ste Maure de Peyriac à une douzaine de kilomètres de Mézin pour aller manger Aux Deux Gourmands, restaurant gastronomique qui, de l’extérieur, ne paie pas de mine. Dès l’arrivée, il faut choisir entre menu du jour et menu amélioré sans plus de précisions. La table n’est pas la même. Pour nous le choix est vite fait car nous savons que le patron est un ancien cuisinier du Ritz. Cela présage donc bien des surprises !

Nous quittons le restaurant deux heures plus tard, ravis. Adresse à retenir même si Gabriel a oublié de l’enregistrer dans les POI de July. Ah l’alcool !!

Nous mettons le cap sur Moncrabeau et ses menteurs par de petites routes qui traversent la forêt landaise avant de laisser la place au vignoble gascon. A Arbussan, nous découvrons une jolie petite église romane. Nous sommes sur la route des chapelles en Albret. A Moncrabeau, les préparatifs pour la fête annuelle de l’élection du plus grand menteur battent leur plein. Nous suivons un petit circuit qui nous mène à travers le village et arrivés au point de départ, nous ne savons plus bien distinguer le vrai du faux. De la rue Cocu-Saute à la rue Fujiyo Lapuce (Informaticien du roi Louis XVI), les facéties se succèdent. C‘est au XIXème siècle que l’on voit la fondation d’une académie de menteurs créée par des bourgeois désœuvrés sous l’impulsion d’un moine facétieux qui quittait volontiers son chapitre de Condom pour venir raconter des histoires inventées de toutes pièces. Aujourd’hui encore l’Académie comprend 40 membres qui se réunissent chaque année pour élire le roi menteur.
Gabriel s’installe sans vergogne sur le siège du plus grand menteur… Moi je n’aurais pas osé !
L’église a un clocher-tour très étroit qu’il est intéressant de regarder de profil.
Moncrabeau est notre dernière étape dans le Lot et Garonne car nous entrons à présent dans le Gers.

La route étroite et vallonnée nous mène jusqu’à Condom où nous nous arrêtons pour un moment au bord du plan d’eau de la Baïse, près du port. Un joli moulin, un des deux moulins de Barlet du XIIIème siècle avec une chute jouxte l’écluse. Les deux moulins qui se font face sur les deux berges de la Baïse ont été construits au XIIIème siècle. L’un a gardé son aspect d’origine tandis que l’autre a été transformé au fil des siècles et a servi de minoterie. C’est d’ici que partait les gabarres chargées d’armagnac.

Comme l’endroit ne nous paraît pas trop sûr, nous terminons la journée à l’abbaye de Flaran pour être sur place de bonne heure demain matin.

Vendredi 3 août

La journée s’annonce belle et dès l’ouverture, nous pénétrons dans l’abbaye cistercienne fondée en 1152. Pour échapper à son démantèlement, elle a été rachetée par le département qui en a fait un centre culturel. La visite commence par les écuries. La plupart des pièces vides abritent une exposition de peintures du XIVème au XVIème siècle.
Dépouillée comme toutes abbayes cisterciennes, elle se présente sous un aspect beaucoup plus riche à la suite de transformations effectuées au XVIIIème siècle. L’église abbatiale sert de lieu d’exposition. Mickaël Simonov, passionné d’art, à la tête d’une importante collection de tableaux du XIXème et XXème siècle met ses tableaux à disposition de Flaran. Dans l’église, pas de décorations mais la vaste nef en berceau brisé est bien éclairée. Le chœur est entouré par quatre petites chapelles. Curieusement l’église possède un portail ce qui est inhabituelle pour ce genre d’édifice.

Les hurlements d’Osiris restée dans le camping-car déchirent soudain le silence de l’église. Elle ne supporte pas de nous savoir loin d’elle. Caprice de star ! Nous décidons de poursuivre la visite à tour de rôle.

A gauche du chœur monte un escalier qui nous conduit au dortoir. De nombreuses pièces ont été remaniées au XVIIIème siècle. C’est le cas du dortoir du XIIIème siècle transformé en petites chambres avec vestiaire et cabinet de toilette. Il a néanmoins gardé ses fenêtres romanes. La cuisine a été reliée par un passe-plat au réfectoire voisin. Le cloître du XIVème siècle ne possède plus qu’une galerie gothique à colonnettes géminées. Les chapiteaux ont des ornementations variées. Outre les feuilles d’acanthe, on trouve un bestiaire hétéroclite ainsi que de nombreux monstres. Le cloitre est surmonté d’une galerie en bois inhabituelle pour ce genre d’endroit.
La salle capitulaire est formée de quatre colonnes de marbre des Pyrénées soutenant neuf voûtes sur croisées d’ogive. Elle a été vidée de ses bancs. Le cellier abrite une exposition très intéressante sur les chemins de St Jacques qui permet de se plonger dans l’univers jacquaire.

Dans le jardin, fermé par un pigeonnier, un cadran solaire placé à même le sol, permet de lire l’heure. Le jardin des simples a été reconstitué en 1987 mais il est mal entretenu.
Vers le milieu du XIIIème siècle, la communauté de Flaran comptait 16 moines. La guerre de 100 ans puis les troupes de Montgomery en 1569 feront de gros dégâts. Vendue après la Révolution, l’abbaye a servi de remise pour un riche exploitant agri-cole.

Je reviens au camping-car et la place à Gabriel tandis que je reprends mon compte-rendu.

Retardés par les caprices d’Osiris, nous déjeunons sur place ce qui finalement se révèle être une bonne idée car il fait moins chaud sous les arbres.

Ayant les services à faire, nous filons sur St Puy sur des routes sinueuses et vallonnées. Nous sommes dans le vignoble de l’armagnac. Les pieds de vigne émergent des champs blonds de blé déjà moissonnés et les têtes jaunes des tournesols.

A St Puy, sur l’aire, il y a un camping-car. Après les services, nous ne bougeons plus, assommés par la chaleur. L’été serait-il arrivé ?

En fin de soirée alors que la température est plus agréable, nous visitons le village, petit mais plaisant. Nous apprenons à la boucherie que St Puy compte un peu plus de 600 habitants et qu’il y a une trentaine de familles anglaises qui ont retapé des maisons.



Samedi 4 août

Dès l’ouverture, nous sommes au château de Montluc qui domine St Puy. Osiris est admise à la visite guidée qui nous est proposée. Elle a pour but de faire découvrir les produits du domaine viticole de Montluc et en particulier le célèbre cocktail de la pousse-rapière. La visite démarre sur l’esplanade du château. Tout autour s’étendent les 120 hectares de vignes qui produisent des vins des côtes de Gascogne, du vin sauvage et de l’armagnac. L’esplanade était à l’origine la basse-cour du château fortifié. En bois, il a été rasé pour être reconstruit au XVIème siècle par le père de Blaise de Montluc. Notre guide est intarissable sur l’histoire du château mais aussi sur celle du Gers. Dans la cave qui ne sert plus aujourd’hui s’alignent des fûts de chêne et des paniers qui servent à tourner les bouteilles de pétillant. La température y est fraîche et agréable. Le vin sortant des cuves en inox est ensemencé, sucré et capsulé. La fermentation peut commencer. Au bout de neuf mois, les bouteilles sont plongées, têtes en bas dans une solution d’azote afin de geler le contenu du goulot et ôter par congélation le dépôt formé par la levure. La quantité de vin ôté par cette manipulation est remplacée par du vin non fermenté et du sucre. Le vin sauvage peut être bouché et vendu. En fin de visite, nous passons dans la salle de dégustation qui jouxte l’ancien fouloir servant d’aire d’exposition des anciennes machines de vinification. Nous goûtons quelques échantillons dont la fameuse pousse-rapière qui tire son nom de la rapière, l’épée fine des mousquetaires. Cette dégustation tient lieu d’apéro car il est midi lorsque nous quittons le château.

Condom est notre première étape de la journée. Nous trouvons facilement à nous garer sur la place de la mairie. Condom, sous préfecture du Gers, garde une taille humaine. A l’OT, nous récupérons un plan des circuits possibles. Difficile d’en suivre un en entier car malgré les panneaux indicateurs, nous tournons en rond. Nous nous contentons donc de flâner dans les rues en rasant les murs pour bénéficier de leur ombre. Le principal monument est la cathédrale Saint-Pierre construite sur une an-cienne abbaye sur le chemin de Compostelle. La nef est vaste et bien conservée. Des personnages sculptés gardent le chœur. L'orgue a été installée au tout début du XVIIème siècle.
Nous avons juste le temps de la visiter avant que deux mariages y soient célébrés en même temps. Les mariés arrivent dans une somptueuse limousine mais très longue ! 13m50 ! Difficile pour le chauffeur d’atteindre le parvis. Le véhicule reste accroché sur les pavés et finalement les mariés finissent le chemin à pied !
Derrière la cathédrale, un beau cloître du XVIème siècle est malheureusement enlaidi par des fils électriques disgracieux. Au plafond, subsistent encore quelques belles peintures.
Nous abandonnons la visite de Condom après deux pleines heures, complètement fondus et décidons d’aller à Larrinsingle à quelques kilomètres de là. La chaleur commence à devenir pénible !

Larrinsingle est le plus petit village fortifié de France. Par fierté, les Gascons l’ont surnommé la petite Carcassonne du Gers. On y pénètre par un ancien pont-levis devenu pont dormant. Le temps semble s’être arrêté derrière les remparts avec tours et créneaux admirablement conservés qui protègent toujours le village. A certains endroits, ce sont les maisons adossées au fossé de défense qui forment la muraille. Le bourg doit probablement trouver son origine au IXème siècle quand la population s’est regroupée pour des raisons de sécurité. Il a servi de résidence aux évêques de Condom. Une seule ruelle intérieure contourne le donjon de l’ancien château-fort. L’arc d’entrée de l’église St Sigismond repose sur deux chapiteaux de style roman. Curieusement l’édifice possède deux chœurs : l’un édifié au VIIème siècle, le second ajouté un siècle plus tard. Le musée du pèlerin est fermé et nous remettons notre visite à demain matin. À l'entrée du village, le parc des vieilles machines du Moyen Âge propose une reconstitution des anciens engins de siège et autres mécanismes ingénieux de l'époque. Nous découvrons aussi une vieille 4L fourgonnette équipée pour la chasse à la palombe.

Même si la place ne manque pas autour du village, nous poursuivons notre route vers Montréal car il y a un mariage et la nuit risque d’être bruyante.

A Montréal du Gers, sur l’aire de service, c’est pareil ! Ah ces samedis d’été ! Nous renonçons sans regret à cette aire car elle ressemble plus à un dépotoir qu’à une aire digne de ce nom !

Finalement nous terminons la journée à Fourcès ce qui se révèle être une bonne idée. Ce village du XIVème siècle est la seule bastide ronde du Gers. On y entre en franchissant un pont roman à deux arches qui enjambe l’Azzoue. Il était couvert à l’origine et abritait la Jurade, c'est-à-dire le conseil municipal. Le château du XVème siècle, architecture massive de défense, est en parfait état ; il a été transformé en Relais et Châteaux. La place centrale est entourée de cornières avec des arcades dif-férentes. Elle témoigne du château des origines, démoli sur ordre du roi de France en 1488. La tour de l’horloge comme les maisons sont encastrées dans les murs d’enceinte. Par contre, l’église St Laurent, fermée, se situe hors murs.
Nous terminons la soirée sur la terrasse de l’auberge et il nous faut attendre 22 heures pour avoir enfin un peu de fraîcheur. Nous en profitons pour refaire un tour de bastide et pour envoyer nos sms du jour. A Fourcès, il n’y a qu’un endroit où l’on a du réseau orange : sur le pont de la porte ouest !

Dimanche 5 août

Nuit tranquille avec vue sur le château. Au réveil, beau temps qui va se révéler rapidement caniculaire.

Nous retournons visiter Montréal du Gers délaissée hier soir.
Classée « un des plus beaux villages de France » cette bourgade nous apparaît somme toute assez banale et sans grand charme. Comme quoi les goûts et les couleurs …
C’est la première bastide construite en Gascogne en 1255 sur un ancien camp romain. L’église fortifiée du XIIIème siècle n’a rien de particulier. La place centrale est difficile à photographier ; des voitures stationnent n’importe comment. Des panneaux publicitaires ôtent aussi beaucoup de charme à l’ensemble

Déjeuner à rallonge pour profiter un peu de l’ombre des platanes près du lavoir, avant de reprendre la route jusqu’au plan d’eau du Moulin du Pouy, près d’Eauze. Nous y posons nos chaises sous le feuillage d’un arbre. Osiris, qui avait refusé de se promener après le repas à Montréal, n’hésite pas à se jeter à l’eau pour profiter d’un peu de fraîcheur. A l’ombre, notre thermomètre frise allègrement les 36 degrés !

Ce n’est qu’à la fin de l’après-midi que nous reprenons la route jusqu’à la Ferme du Mounet, accueillant France-Passion. Il ne faut pas avoir peur des chiens car ce sont trois gros labradors qui nous souhaitent la bienvenue … Enfin façon de parler ! L’orage menace mais c’est finalement un fort vent qui soufflera toute la nuit.

Lundi 6 août

Il pleuviote au réveil. Nous achetons rillettes et foie gras avant de reprendre la route pour Valence sur Baïse. Arrêt sur le parking de l’abbaye de Flaran pour le déjeuner. Il y a plus de monde que lors de notre premier passage. Beaucoup de voitures im-matriculées 75. Paris se viderait-elle au mois d’août ? Nous trouvons enfin, grâce au GPS, l’aire de service qui nous avait échappé l’autre soir. Valence, au bord de la Baïse a été fondée en 1274 par des moines cisterciens par contrat de paréage de l’abbé de Flaran et le comte d’Armagnac. La halle a disparu au XVIIIème siècle. L’église s’ouvre par un immense porche. L’intérieur comme beaucoup d’églises du sud ouest se résume à une seule nef. A l’OT, l’accueil est très chaleureux. Un diaporama sur les bastides nous montre nos lieux de visite des trois dernières semaines. C’est une jolie façon de faire la synthèse de ce que nous avons vu. Je comprends enfin ce qu’est exactement une cornière ou une andrône.
Il est possible de faire une jolie balade sur les remparts mais la pluie tombe de plus belle et gêne nos projets. Nous terminons la journée à La Romieu, le village des chats.

Mardi 7 août

Il ne pleut plus. La Romieu est réputé pour son imposante Chartreuse du XVIIIème siècle qui domine le paysage. C’est encore une étape sur le chemin de St Jacques de Compostelle.
Le village fait la part belle aux chats et nous parcourons les ruelles à la recherche de ces bêtes. Elles sont partout : sur des pancartes, sur les rebords des fenêtres, des murs … Heureusement que tous les chats ne sont pas des vrais car sinon Osiris ne saurait où donner de la tête !

Les chiens n’étant pas admis dans la Collégiale, j’effectue seule la visite. L’ensemble est composé d’un cloître, d’une église, d’une sacristie et de deux tours de 33 mètres de haut.
La collégiale St Pierre construite au début du XIVème siècle a une seule nef très sobre. Par contre le cloître est de toute beauté avec ses arcades finement sculptées.
Je gravis les 136 marches de la tour et de là, je domine le village. A mes pieds, le cloître, et un peu plus loin des camping-cars ! A vérifier … ce que nous faisons dès la fin de ma visite. Il y en effet, une belle place sur laquelle stationnent des camping-cars à l’opposé de là où nous avons passé la nuit.

Après le repas, nous poursuivons notre route et à travers un paysage vallonné, au milieu des champs de tournesols, de blé et des vignes, nous atteignons Lectoure.

Difficile d’y trouver une place de stationnement. Nous finissons par nous garer devant une annexe de la mairie sur un emplacement interdit aux plus de 2T5 mais où nous ne gênons personne.

La ville est dominée par le clocher de la cathédrale St Gervais-St-Protais qui se voit de très loin. Le bâtiment est massif. Le corps de l'église est d'une rare élégance et une immense arche de style gothique frappe immédiatement lorsque l'on pénètre dans l'enceinte. La cathédrale a été construite une première fois au XIIIème siècle puis reconstruite entre le XVème et XVIIIème. La nef imposante est de style gothique méridional alors que le chœur entouré de sept chapelles datant du XVIème et XVIIème siècles est de pur style gothique flamboyant. Le Christ gisant est une œuvre contemporaine du sculpteur Bruno Baratier. Le clocher ne mesure plus que 45 mètres ayant été détruit lors d’un orage et amputé de 45 autres mètres juste avant la révolution. Jouxtant la cathédrale, l’ancien palais épiscopal de la seconde partie du XVIIème siècle a été la résidence des évêques de Lectoure jusqu’à la révolution. Par la suite, le maréchal Lanne en devint le propriétaire. Il abrite de nos jours la mairie. Une partie du bâtiment se visite comme la salle des Illustres, sorte de galerie pré-sentant les portraits de brillants soldats lectourois. Seul l’amiral Boué de Laspeyrère, ministre de la marine de 1909 à 1913 retient notre attention. Des jardins de l’évêché, on a une vue panoramique sur la piscine mais aussi sur la vallée du Gers. Le ciel gris ne permet pas de faire une photo de qualité. Le beau temps a bien du mal à revenir et l’orage menace toujours ! Le plan récupéré à l’OT nous mène à la fontaine de Diane, monument du XIIIème siècle à double arc gothique. Malgré son nom aux consonances latines, cette fontaine date du XIIIème siècle. Deux arches gothiques forment la façade derrière laquelle on peut voir le bassin. Il y aurait eu des peintures au plafond mais il n’y a plus que des rares traces de nos jours
L’eau est conservée dans une sorte de grosse citerne. Notre visite est écourtée à la fois à cause du temps maussade et du peu de clarté du plan. Nous reprenons la route.
Cigalon en quelques tours de roue à travers côtes et descentes, nous amène à St Clar, au cœur de la Lomagne. C’est notre halte du jour, sur une aire déjà bien occupée.

Mercredi 8 août

St Clar a la particularité d’être une bastide à deux places. D’un côté l’ancien village dont les étroites ruelles se resserrent autour de la vieille église du XIème siècle. De l’autre, la bastide avec ses ruelles larges et rectilignes qui aboutissent toutes à la place surmontée d’une halle.

Le musée de l’école n’ouvre qu’à 15 heures. Il rassemble tout ce qui a trait à l’école publique de Jules Ferry jusqu’en 1965 environ. Il est l’œuvre de deux bénévoles qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour rassembler puis organiser tous les objets qu’on trouve dans une école. Une salle est aménagée en salle de classe. Rien ne manque si ce n’est le banc de paresse ! Les enfants peuvent s’essayer à la calligraphie avec plume et encrier. En voyant leur mine sérieuse et appliquée, on peut s’imaginer les efforts qu’ils sont en train de faire. Un problème de calcul nous tient en haleine pendant un moment. La salle suivante retrace l’évolution de l’école de Jules Ferry à nos jours et présente une collection de buvards. Indispensables lorsqu’on écrivait à la plume, ils servaient aussi de support à la pub. Dans une troisième salle, on a reconstitué le logement de l’institutrice. Nous nous attardons un bon moment dans la quatrième pièce présentant livres, cahiers et diplômes qu’il est possible de consulter librement. Nous y retrouvons quelques manuels que nous avons utilisés. Pour notre plaisir, nous recherchons les diplômes du certificat de fin d’études. A chaque département correspond un modèle différent. Pour ceux qui le souhaitent, il est possible de repasser cet examen une fois par an, les matières écrites uniquement. Nous aurions peut-être des surprises …

Comme nous sommes attendus à Layrac pour le dîner, nous remettons notre visite du musée de l’ail à une autre année et nous contentons de passer à la boulangerie pour acheter le dessert.

Retour dans le Lot et Garonne par de jolies petites routes bordées de champs de tournesols et de sorgho.

Jeudi 9 août

Chargement de Cigalon avec des provisions diverses qui se rajoutent à tout ce que nous avons pu acheter durant ce mois de balade. Le camping-car ressemble à une épicerie ambulante qui frise le surpoids !
Mais nous n’allons pas très loin puisque nous avons rendez-vous avec des amis camping-caristes.

Vendredi 10 août

Farniente … Seule et unique occupation : l’apéro !

Samedi 11 août

Première étape de la journée : Agen que tout le monde associe au pruneau. C’est une petite ville de province sympathique. Difficile de trouver une place pour Cigalon et nous finissons par nous garer au port. Nous longeons tout d’abord le pont-canal long de 580 mètres qui permet au canal latéral à la Garonne de franchir le fleuve. Edifié en pierres de taille de 1839 à 1843, il surplombe le fleuve de 10 mètres. C’est le deuxième plus long pont-canal de France. Les bateaux y entrent par alternance avant de franchir quatre écluses. La péniche Vianne vient d'arriver au bon niveau d'eau et peut continuer sa route sur le pont canal. Elle s’est élevée en tout de 12,5 mètres. Du côté d'Agen, rien ne vient... ah si une toute petite embarcation… presque ridicule dans ce grand canal !

Le monument le plus important mais aussi le plus beau d'Agen est la cathédrale St Caprais. L’édifice en calcaire blanc brille au soleil et se repère de loin grâce à son campanile composé de trois parties gothiques différentes.
L’édifice, construit au XIIeme siècle a été élevée au rang de cathédrale en 1802 et classé Monument historique en 1862, après avoir été saccagée en 1561 lors des guerres de religion et avoir été un magasin à fourrage durant 5 ans.
Nous la visitons à tour de rôle avec plaisir car elle nous procure un peu de fraîcheur.
En voyant la taille du chœur, on pourrait s’attendre à une cathédrale plus longue. Ce qui manque est le résultat de problèmes politiques et financiers.
Pas d’économies néanmoins dans la nef unique gothique habillée richement de peintures colorées. C’est magnifique !
Magnifique aussi, le chevet roman entouré d'absidioles ornées de mordillons.
Remplaçant un ancien campanile en bois, le clocher actuel a été édifié en 1835 et présente la particularité d'être composé des trois éléments stylistiques gothiques (gothique à lancettes, gothique rayonnant, gothique flamboyant) curieusement présentés dans leur ordre chronologique inverse. Des peintures colorées habillent les murs de l'intérieur.
Nous poursuivons notre visite. De nombreuses maisons à pans de bois s’alignent dans les ruelles de la vieille ville. Les restaurants se succèdent et à leurs terrasses Agenais et touristes déjeunent en pleine après-midi.
Sur la place des Laitiers, la statue moderne de St Jacques, pèlerin, rappelle qu'Agen est une étape vers Compostelle.
Il fait chaud et soif. Seule Osiris a trouvé le moyen de supporter la chaleur en se promenant dans une fontaine.

Notre visite se termine à la boutique de maître Prunille après avoir visité pas moins de dix confiseries à la recherche de pruneaux fourrés au chocolat. Impossibles à trouver ! Nous nous contenterons donc de pruneaux fourrés amande, orange et pruneau. Et pourtant il en existe à Agen …nous les avons goûtés !


La chaleur a raison de nous et nous quittons Agen pour retrouver un peu d’air frais.
Rapide tour à Caudecoste, minuscule bastide du XIIIème siècle mal mise en valeur. L'église est située à l'une des extrémités du village.

Nous finissons la journée par la visite de l'église St Martin à Layrac dont le chevet est coiffé d'une coupole du XVIIIème siècle. Le clocher-tour est le seul vestige de l'an-cienne église d’un prieuré clunisien.

Le portail est orné de deux beaux chapiteaux. La coupole d’architecture byzantine date du début du XVIIIème siècle.

A l’intérieur, la nef unique large est assez surprenante pour une église romane. C’est d’Italie qu’ont été importées les six colonnes de marbre blanc qui constituent le bal-daquin

De l'église Saint Sernin fortifiée, il ne reste plus que le clocher de style toulousain, utilisé jadis par les catholiques de Layrac comme tour de guet.

Poursuivant notre visite, nous découvrons un lavoir s'appuyant sur les remparts du village. Il s’agit du lavoir de Salens dont les parties les plus anciennes dates du milieu du XVIIIème siècle

Par contre, nous ne trouvons pas le pigeonnier. Et pourtant il figure bien sur une carte postale.

L’aire de service de Layrac n’est guère avenante et avec la chaleur, nous n’avons pas envie d’être parqués comme des sardines. Les poubelles débordent d’immondices !

Nous optons donc pour Donzac dans le Tarn et Garonne, à l’ombre des cheminées de Golfech. Nous amorçons ainsi notre retour en Alsace.


Dimanche 12 août

Malgré un nombre important de camping-cars au bord du lac des sources, la nuit a été calme et rafraîchissante. Au lever, il fait beau. Nous reprenons la route à travers le Tarn et Garonne et ses pigeonniers et notre étape du jour s’arrête en Corrèze, sur l’aire d’Egleton. Des pigeonniers, il y en avait partout mais cela nous aurait pris trop de temps pour nous arrêter et les photographier. Ce sera pour d’autres vacances ! Promis …


Lundi 13 août

Route à travers le Puy du Dôme. July se révèle de plus en plus efficace ou est-ce tout simplement Gabriel qui en a compris le fonctionnement ?

Nous traversons l’Allier pour nous arrêter pour notre dernière nuit à Chalon sur Saône. Les travaux sont terminés et nous pouvons reprendre notre place habituelle sur le parking. Pour une fois, notre arrivée en fin d’après-midi nous permet de visiter la ville. Le centre est intéressant à parcourir mais le monument qui vaut vraiment le détour est la cathédrale St Vincent.
L’actuelle cathédrale a été construite sur une longue période, de 1080 au XVIème siècle et mêle les styles toman et gothique. La façade, détruite à la Révolution, a été reconstruite à partir de 1822 dans le style néo-classique.
Vaste, elle est composée d’une nef et de deux bas-côtés. De petites chapelles s’alignent le long des bas-côtés.
Repas dans le camping-car au grand regret de Gabriel qui aurait voulu dîner à la maison des vins. Comme la plupart des boutiques de la ville, le restaurant est fermé le lundi.
Nous longeons un court instant les berges de la Saône en crue. Un bateau de croisière allemand est bloqué à quai. La hauteur de la rivière ne lui permet plus de passer sous les ponts ! La composition florale qui orne chaque été les berges a les pieds dans l’eau également.

Mardi 14 août

Les derniers 300 kilomètres jusqu’à la maison se font sous le soleil. Les vacances s’achèvent ….